Saint-Domingue est le premier pays des temps modernes à avoir posé dans la réalité, et à avoir proposé à la réflexion des hommes – et cela dans toute sa complexité ; sociale, économique, raciale -, le grand problème que le XXe siècle s’essouffla à résoudre : le problème colonial. Le premier pays où s’est noué ce problème. Le premier pays où il s’est dénoué. Quand pour la première fois, Toussaint Louverture fit irruption sur la scène historique, bien des mouvements étaient en train : le mouvement blanc vers l’autonomie et la liberté commerciale, le mouvement mulâtre vers l’égalité sociale ; le mouvement nègre vers la liberté. Le pouvoir bourgeois issu de la Révolution française éprouva que la liberté est indivisible, que l’on ne pouvait accorder la liberté politique ou économique aux planteurs blancs et maintenir les mulâtres sous la férule ; que l’on ne pouvait reconnaître l’égalité civile aux hommes de couleur libres et dans le même temps maintenir les nègres dans l’ergastule ; bref que pour libérer une des classes de la société coloniale, il fallait les libérer toutes, et que pour les libérer toutes, il fallait libérer Saint-Domingue elle-même, remettre en jeu l’existence même de la société coloniale : ce qui parut au pouvoir contraire aux intérêts de la France. Quand Toussaint Louverture vint, ce fut pour prendre à la lettre la Déclaration des droits de l’homme, ce fut pour montrer qu’il n’y a pas de race paria ; qu’il n’y a pas de pays marginal ; qu’il n’y a pas de peuple d’exception… On lui avait légué des bandes. Il en avait fait une armée. On lui avait laissé une jacquerie. Il en avait fait une Révolution ; une population, il en avait fait un peuple. Une colonie, il en avait fait un État ; mieux, une nation.
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32 000 CFADémontage des mensonges et de la falsification de l’histoire de l’hydre des razzias négrières transatlantiques
Toute l’histoire des razzias négrières transatlantiques tourne autour de la réalité des rapports entre l’Europe d’hier, l’Occident d’aujourd’hui et l’Afrique Noire.
C’est dire que la réponse qui en découle tout naturellement, éclaire de mille éclats de la vérité, cette page tragique de l’histoire de l’Afrique et du Peuple Noir.
Cette tragédie sur laquelle, jusqu’alors, l’Occident s’est, par les diverses formes de terrorisme dont il a l’art du secret et le secret de l’art, réservé le monopole de la narration, et fait de l’Histoire des razzias négrières transatlantiques, non pas une science, mais une idéologie.
Un droit de regard exclusif par lequel il s’est institué juge, partie, jury et au surplus exécuteur testamentaire pour la partie du Peuple Noir qu’il a kidnappée par sa violence atavique.
Puis, drapé dans un dédain conféré par la loi des armes, il a décrété que la violence faite quatre siècles durant à l’Afrique Noire et à ses enfants déportés et transformés en bêtes de somme pour son bien-être et son confort, ne mérite ni repentir ni réparation de sa part.
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