Cet ouvrage est avant tout un support de cours élaboré dans le cadre de l’enseignement de l’Histoire de l’Afrique et de l’Égyptologie, initié par l’Association Khepera. Il n’a donc pas vocation à se substituer à une grammaire de la langue égyptienne pharaonique. Pour autant, on a pris soin d’y présenter, de manière simple et concise, les èlèments de base de l’ècriture et de la grammaire du Moyen égyptien. Il est destiné à tout public, sans niveau préalable requis. Comme toute langue, ancienne ou moderne, l’égyptien pharaonique a été le fruit d’une culture et d’une civilisation extraordinaire, mais humaine, qui mériterait d’être mieux connue. Cette connaissance ne peut, toutefois, se faire sérieusement sans un accès direct à la langue qui, en retour éclaire la culture qui l’a produite et portée. Contrairement à ce que laissent parfois penser nombre d’ouvrages sur ce sujet artificiellement délicat, la civilisation pharaonique n’est pas suspendue entre ciel et terre, au-dessus de l’Afrique et – encore moins – en Orient. Elle est, comme toute autre civilisation, un produit de son pays et ce pays est une portion de l’Afrique, avec ses habitants, sa faune, sa flore et sa manière d’être et de penser. Ce manuel renvoie ainsi, par des exemples, au contexte culturel africain de cette langue. C’est dans cette optique qu’est présenté, à la fin de l’ouvrage, un lexique comparatif de l’égyptien ancien et de quelques langues négro-africaines actuelles.
L’Afrique dans la philosophie
12 000 CFACe livre que voici, le premier, de notre collègue Yoporeka SOMET, est une forte profession de foi philosophique, autant qu’une entreprise pédagogique heureuse, celle d’exposer didactiquement la philosophie de l’Égypte pharaonique …
Cinquante ans après la publication de Nations nègres et culture, vibration sismique continue, le paysage intellectuel africain, ainsi que l’avait prévu Cheikh Anta DIOP lui-même, est très éclairci et, sans aucun doute, des plus rassurants.
La philosophie africaine, argumente SOMET, doit commencer par mettre l’Afrique dans la philosophie, c’est-à-dire commencer par le commencement pour apercevoir nettement toutes les longues durées de la philosophie africaine en Afrique et dans le monde. Travailler sans cadre temporel assignable, c’est cultiver les préjugés de la « mentalité primitive ».
Comment les cercles philosophiques d’Héliopolis, de Hermopolis, de Memphis et de Thèbes, expliquent-ils le Réel ? Où sont les textes explicites ? Comment les lire et les entendre comme « philosophie » ? Et quelle philosophie ? La clarté et la précision de SOMET par rapport à ces questions sont étonnantes.
Avec le même souci pédagogique – une constance intellectuelle chez SOMET -, le chapitre sur « la pensée morale égyptienne » est, en soi, une parfaite pyramide pharaonique. Le sens est perçu et commenté, – le sens qui fait que dans les Champs osiriens les âmes des Bienheureux jouissent de la sainteté divine à tout jamais. Les philosophes et moralistes de l’Égypte pharaonique ont développé l’Éthique humaine longtemps bien avant la courte période qui va de Jésus à nos jours.
L’Art pharaonique tient du divin. PLATON, le premier, l’a consigné dans ses Lois, après son voyage d’étude dans la vallée du Nil. Yoporeka SOMET confirme avec, en plus, l’analyse de l’égyptologue.
La philosophie n’est pas un loisir intellectuel et universitaire en dehors de la Cité. Yoporeka SOMET invite ses compatriotes africains, notamment les jeunes en formation, à s’installer « à l’intérieur de la philosophie », c’est-à-dire de la Réflexion sérieuse, autonome, radicale, pour que le Sens ait lieu, pour que la Vie change. Il y a l’urgence africaine d’« un nouveau paradigme », affirme-t-il, lucidement. En tout état de cause, le livre de SOMET, philosophe et égyptologue africain du Burkina Faso, est riche, clair, bien documenté, utile et nécessaire.
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