Dans une société lignagère, donc sans Etat, comment et pourquoi s’instaure une organisation des classes d’âges ? Quelle est la nature du pouvoir politique associée à cette organisation ? Quelle place ce pouvoir fait-il aux esclaves, aux femmes, aux étrangers libres ? A quels niveaux s’exerce-t-il ? Quelles sont ses fonctions ? S’agit-il enfin d’un système politique exceptionnel ? L’auteur, Maître-Assistant en sociologie à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines à l’Université d’Abidjan, élucide ces questions sur un cas d’espèce, dans cette étude vieille de dix ans, corrigée et augmentée.
Il révèle une organisation militaire encadrant les jeunes gens libres et esclaves, un pouvoir politique d’essence virile, à idéologie égalitaire, dont la pratique est collective (au niveau de l’ensemble des sept classes d’âge), limitée en durée (8 ou 16 ans) et où est assurée en fait la prééminence des Grands Hommes, adultes regroupés dans une association par un rituel de richesse : angbandji. Du village à la tribu et à la confédération de tribus, les fonctions décroissent en nombre.
Or, avec des variantes locales, ce système politique appartient à la plupart des sociétés situées autour des lagunes de Côte-d’Ivoire, lieu ou depuis le XVIe siècle se sont rencontrés de nombreux peuples et trois courants de l’économie marchande : le mandé, le capitaliste européen et l’akan. Selon l’hypothèse de l’auteur, les classes d’âge, d’origine encore inconnue, auraient diffusé dans cette zone sous l’action de nécessités économiques (accumulation), politique (défense) et idéologique (arts).
Aujourd’hui, ce système mis en place hier pour résoudre les contradictions entre lignages et suppléer à leurs faiblesses se trouve à l’épreuve des contradictions d’une société de classes. Naturellement, la monographie s’est dépassée en une anthropologie politique comparative, sociologique et historique.
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