Moins d’un kilomètre au nord de la capitale du royaume de Kerma, le site de Doukki Gel renferme, sur les vestiges d’une agglomération contemporaine, ceux d’une fondation égyptienne créée par Thoutmosis Ier à la suite de sa conquête du pays de Kouch. C’est en effet l’emplacement de cette ville étrange à l’allure africaine que les Égyptiens choisissent, pour y construire un ménénou, ces centres fortifiés spécifiques des territoires conquis, destinés à y promouvoir l’idéologie monarchique et à servir de base à la collecte des tributs. Après avoir détruit les impressionnantes défenses qui protégeaient cette ville cérémonielle aux immenses palais et aux temples circulaires qui relèvent d’une architecture totalement différente de celle de la capitale, les Égyptiens bâtissent trois temples, dédiés notamment à plusieurs formes d’Amon, et divers dispositifs domestiques protégés par de nouvelles enceintes partiellement inspirées de celles de leurs prédécesseurs. On note que, dès cette époque, plusieurs sanctuaires indigènes restent inclus dans les nouvelles enceintes. En dépit d’une révolte contemporaine de la fin du règne de Thoutmosis Ier ou du début de celui de Thoutmosis II, qui détruit le ménénou de Thoutmosis Ier, ce dernier est reconstruit et transformé par tous les pharaons de la XVIIIe dynastie jusqu’à l’époque amarnienne. L’investissement des Ramessides est plus modeste.
Le site portait un nom issu d’une épithète divine : Panébès, « Le jujubier », arbre sacré particulièrement fréquent dans la région. L’étude des temples qui s’y succèdent fournit d’importants renseignements sur l’architecture religieuse égyptienne des Thoutmosides, et sur leur décor, malgré l’état fragmentaire des blocs provenant de leurs piliers, de leurs portes et des murs du sanctuaire de Thoutmosis IV. Les talatats du temple central d’Aton sont également révélateurs de décors différents de ceux que l’on connaît dans les autres temples d’Akhénaton. Enfin, des monuments privés contribuent à apporter des informations précieuses sur l’histoire de la Nubie et le développement vers le Soudan central des intérêts égyptiens.
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