Penser le continent africain est une tâche ardue tant sont tenaces poncifs, clichés, et pseudo-certitudes. Depuis les années 1960, à l’aube des indépendances, la vulgate afro pessimiste a qualifié l’Afrique de continent » mal parti « , » à la dérive « . Au plus fort de la pandémie du Sida, des augures ont même préconisé l’extinction pure et simple de la vie sur le continent. C’est peu dire la violence symbolique avec laquelle le destin de millions d’individus a été envisagé sous le mode de l’échec, du handicap, voire de la déficience et de la tare congénitale.
Plus récemment, une rhétorique de l’euphorie et de l’optimisme a vu le jour. Le futur serait désormais africain. Le continent réalise des progrès en termes de croissance économique et les perspectives y sont bonnes. La disponibilité de ressources naturelles et des matières premières aidant, le continent africain serait le futur eldorado du capitalisme mondial. Là aussi, ce sont les rêves produits par d’autres qui s’expriment.
Penser l’Afrique, c’est débroussailler une forêt dense et touffue, c’est redéfinir la vie autrement que sous le mode de la quantité et de l’avidité. En ces temps de crise de sens d’une civilisation technicienne ne sachant plus où donner de la tête, le défi consiste alors à scruter le politique, l’économique, le social, le symbolique, la créativité artistique. Il consiste également à penser un projet de civilisation qui met l’homme au cour de ses préoccupations en proposant un meilleur équilibre entre les ordres économique, culturel et spirituel.
Cet essai passionnant opère une véritable décolonisation conceptuelle et appelle à une réinvention de soi du continent africain.
Marcus Garvey, Père De L’unité Africaine Des Peuples – Tome 2, Garveyisme Et Panafricanisme
24 000 CFACe qui distingue le Nègre Marcus Garvey de ses prédécesseurs et de ses contemporains, ce n’est pas qu’il ait été davantage PAN-NEGRE qu’eux. C’est qu’il ait fondé son action << pour la race >> sur une stratégie différente : le Garvéyisme est avant tout un combat de masse ayant mobilisé d’abord les Nègres << du bas >>, ceux qui endurent le plus violemment les humiliations et oppressions dues à leur peau Noire. de là, l’action garvéyiste mise en branle au début du XXème siècle, avec toutes ces imperfections.
De << l’autre côté >>, il y avait les intellectuels Noirs, les penseurs du Panafricanisme, misant plutôt sur l’avancée des idées << progressistes >>, sur la persuasion, pour changer la donne raciale séculaire. Ainsi les Du Bois, Padmore, Cheikh Anta Diop, qui se sont adressés aux élites Noires.
Ce n’est pas un hasard si les successeurs de Marcus Garvey ont grandi aux USA : Malcom X, Martin Luther King, et ont été assassinés. Ce n’est pas non plus la << malédiction >> si, de l’autre côté de l’Océan, le consciencisme de N’Krumah a pour le moment échoué.
Il reste à montrer au Nègres qu’il est capable de faire aussi bien que le Blanc, mais il faut d’abord qu’il s’aime lui-même et aime ses congénères. Il lui faut constituer une force concrète, seule capable de s’opposer à la force concrète cumulée de la discrimination raciale et et du néo-colonialisme. Il lui faut se mobiliser et s’organiser mondialement.
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